Salim-Ghislain Cya, Ghislain AHOUANSE à l’Etat civil est Co-fondateur et responsable éditorial des Editions Légende. Socio-anthropologue de formation, il est rédacteur de contenu web, auteur d’un recueil de poèmes et fables « Cantique des amours », publié en août 2019.
En quoi consiste le métier d’éditeur ? C’est une question qui taraude l’esprit de plus d’un. Alors pour étancher notre soif de connaître, il explique que : « Le métier d’éditeur consiste à « produire » des écrivains. L’éditeur est l’industriel qui a pour fonction de raffiner les ressources extraites par l’écrivain (et plus généralement l’auteur, car, il ne s’agit pas que des œuvres littéraires) de ses propres tripes, de ses réflexions. L’éditeur, c’est celui qui récupère le travail brut d’un auteur, le polit aussi bien dans le fond que sur la forme afin que celui-ci puisse être consommable par la cible que constituent les lecteurs ». Tout en précisant que : « l’éditeur, c’est également celui qui fournit au distributeur et au diffuseur leurs fonds de commerce. Il est donc à cheval sur le créateur de l’œuvre et ses commerçants ».
Est-ce un métier facile ?
« (Sourire). Aucun métier n’est facile. Ni difficile d’ailleurs. L’édition est un métier comme tout autre métier. S’il y a une différence entre le métier de l’édition et les autres métiers, c’est bien la passion pour le beau, la foi en l’art » répond-t-il. Un éditeur doit donc être esthète.
Les maisons d’édition ont des allures d’entreprises privées, il est donc important pour nous de savoir s’il y a une implication du gouvernement dans vos activités.
« Oui, le gouvernement (je dirai l’Etat) à travers ses services techniques et déconcentrés à l’instar de la Bibliothèque nationale, de l’Agence du Développement des Arts et de la Culture (ADAC) et le Bureau Béninois des Droits d’Auteurs (BUBEDRA) s’implique dans nos activités. Par exemple, pour obtenir le numéro ISBN et fait le dépôt légal après la sortie d’un ouvrage, il faut se référer obligatoirement à la Bibliothèque nationale qui est une structure déconcentrée du ministère du tourisme, de la culture et des arts. Par ailleurs, il faudra se tourner vers l’ADAC pour faire les formalités et obtenir l’agrément d’éditeur. L’Etat s’implique également dans les activités des éditeurs et plus globalement de toute la chaine du livre en organisant le Salon national du Livre et le Grand Prix Littéraire du Bénin » nous livre-t-il.
« Toutefois, il existe des aspects de ce métier que l’Etat doit revoir notamment la mise en place d’un cadre de concertation des acteurs de la chaîne du livre ainsi que l’élaboration d’une politique nationale du livre » rajoute l’éditeur.
Certes, un éditeur, en tant qu’élément clé de ce système, doit avoir un regard général ou particulier sur la littérature aujourd’hui, son évolution, ses défauts et tout. Quel est donc votre regard sur la littérature béninoise aujourd’hui ?
A cette interrogation, Ghislain AHOUANSE répond : « La littérature béninoise à mon avis et selon mes constats se porte plutôt bien. De plus en plus de jeunes se lancent dans l’industrie du livre aussi bien en tant qu’auteurs qu’en tant qu’éditeurs. Le marché du livre béninois accueille presque quotidiennement de nouvelles parutions. Le nombre de librairies et de centres de lectures et de documentation a considérablement augmenté. Des initiatives privées de promotion du livre et des auteurs se multiplient. Je peux vous citer par exemple « PromoLitt » de Destin Akpo, le « FILAB » de Komi Ezin, la Foire du Livre d’Histoire et du Patrimoine d’Afrique et des Afrodescendants d’Esckil Agbo, les 72 heures du Livre de Natintingou de la Maison TV5 Monde ».
Littérature à la débâcle pour certains critiques, que pouvez-vous leur répondre ?
« (Sourire). Le goût est relatif. Et l’excès de poissons dans une sauce à mon avis ne peut gâcher son goût. La littérature est un art, elle est donc subjective. Par exemple, par an, en moyenne, 6000 livres sont publiés. C’est 6000 différentes productions, 6000 manières de voir et de penser le monde, 6000 sensibilités et perception d’un art qui est en perpétuelle mutation. Au Bénin, sommes-nous déjà à 2000 publications en moyenne par an ? Tous les 6000 ouvrages publiés en France par an sont-ils tous à la hauteur des attentes des lecteurs et des critiques ? C’est des questions que je m’amuse à me poser à moi-même et aux critiques littéraires de mon équipe et de mon entourage. Certes, il y a des choses à corriger dans notre littérature, des imperfections qu’il faudrait soigner pour faire rayonner notre littérature à l’international. Mais déjà, il faut reconnaître à tous ces jeunes auteurs leur bravoure. Ecrire un livre, aussi piètre qu’il soit selon certains lecteurs, est un acte de bravoure. Ça nécessite du temps, de l’énergie, de la passion et de la détermination » lâche le promoteur de la maison d’édition Légende. Un appel à reconnaissance.
Il y a des défauts, des imperfections au niveau de la littérature au Bénin. Que faut-il corriger pour que la littérature au Bénin puisse prospérer convenablement ?
« A mon avis, s’il y a une chose à faire pour que notre littérature prospère, c’est bien la professionnalisation de toute la chaîne. Cela implique des mesures politiques, un accompagnement technique et la subvention de la chaîne du livre. Si l’auteur, juridiquement n’a pas un statut ici, vous convenez avec moi qu’il faut déjà lui en donner un. Il faut que nos parlementaires adoptent une loi de politique de livre national. Ensuite, nos universités doivent commencer à former des étudiants aux métiers du livre. Il faudra également faciliter l’installation d’investisseurs comme des imprimeries de pointe pour rehausser la qualité des ouvrages imprimés localement. Et ceci, à un coût abordable pour permettre aux lecteurs de s’en procurer sans risquer de se ruiner » affirme-t-il.
Légende Edition est une jeune maison, née il y a quelques années. Il y a eu un travail abattu tout au long du chemin parcouru jusqu’à maintenant. Parlez-nous des prémisses et du parcours en général.
« Tout est parti de mon expérience de publication en 2019. Je n’étais pas du tout satisfait du travail qu’on m’avait présenté. Et un an plus tard, je vais vivre quasiment la même expérience avec un autre éditeur. Sauf que dans le deuxième cas, je ne vais plus me laisser faire. J’ai résilié le contrat et ai décidé de créer avec mon ami (Quentin EYEBIYI) une maison d’édition propre à nous. Ce n’était pas prévu qu’on lance les Editions Légende en 2021. Mais un concours de circonstance à voulu que les choses aillent beaucoup plus vites. Le nom est venu de mon ami. Nous avons alors commencé cette aventure un peu plus tôt que prévue et le résultat, c’est les Editions Légende qu’on a aujourd’hui.
Pour ce qui est du parcours, nous sommes nées, nous grandissons et nous espérons aller encore plus loin » confie-t-il.
Bien évidemment qu’il y a des objectifs, des rêves et des ambitions. Parlez-nous-en.
« L’objectif des Editions Légende à sa création (ce qui n’a d’ailleurs pas changé) est de détecter des talents et de les révéler. Les révéler au Bénin d’abord puis pourquoi pas les révéler au monde. Le rêve que nous nourrissons aujourd’hui est d’élargir nos activités. Aujourd’hui, nous sommes une maison d’édition indépendante. Mais nous avons bien envie d’acquérir d’autres maisons édition afin de constituer un groupe éditorial fort et dynamique. Nos ambitions se résument à notre slogan : faire de notre maison d’édition le panthéon de toutes les cultures du monde.»
Une multitude de maison d’édition au Bénin, qu’est-ce qui fait votre spécificité, Légende Edition ?
« Notre spécificité réside dans l’image de marque que nous construisons. Chez Légende, l’expérience des auteurs ne se résume pas uniquement à la publication de leurs livres. Nous constituons une famille. Nous travaillons à la visibilité et à la circulation des ouvrages que nous publions » souligne-t-il.
Votre prochaine rentrée littéraire se déroulera en Avril 2024 tel que nous le savons depuis quelques semaines maintenant. Quel sera le lieu de déroulement de cette rentrée pour que ceux qui rêvent et veulent y participer effectuent le déplacement ?
« Comme vous l’avez dit, la prochaine rentrée littéraire se déroulera les 8 et 9 avril prochain en même temps que celle des Editions Beninlivres. Les activités se dérouleront à Porto-Novo au siège des Editions Beninlivres. Plusieurs activités vont d’ailleurs meublées ces deux jours de messes littéraires : des jeux-concours, des tables-rondes, des lancements d’ouvrages puis des rencontres-dédicaces avec nos auteurs » va-t-il éclairer.
« Pour notre rentrée littéraire, tout notre catalogue sera évidemment exposé. Tous nos auteurs seront également présents pour rencontrer leurs lecteurs » ajoute-t-il.
Pour ceux qui rêvent de devenir écrivain, quels sont les conseils que vous pouvez leur donner ?
« Pour écrire, il faut lire. Lire toujours. Et encore et encore. Seul un bon lecteur peut faire un auteur exceptionnel » précise-t-il pour conclure cet entretien.
Pour tous vos besoins d’édition et d’achats de livres, la maison est joignable aux coordonnées suivantes : legendeeditions@gmail.com. Whatsapp: 62748184/91126008, Facebook : Legende edition, Linkedin: Légende Editions
Veuillez vous abonner à notre chaîne Telegram pour obtenir les dernières mises à jour sur les bourses.
L’actualité en continu http://Icatv.news