La CEDEAO a été créée dans le but d’établir une union économique entre les États d’Afrique de l’Ouest afin d’élever le niveau de vie de ses populations, de maintenir et de renforcer la stabilité économique entre les États membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain, en particulier de l’Afrique de l’Ouest, avec pour objectifs de promouvoir la coopération régionale et le développement entre les États membres, l’harmonisation des politiques agricoles, économiques, monétaires et industrielles ainsi que l’abolition des restrictions commerciales et des droits de douane à travers les frontières des États membres.
Mais ces buts et objectifs de la CEDEAO sont restés vains et la CEDEAO devient progressivement une risée parce qu’elle n’a pas réussi à répondre aux besoins socio-économiques des populations et, dans le pire des cas, la corruption institutionnalisée de ses dirigeants a plongé de nombreuses personnes dans une pauvreté abjecte parce que ses dirigeants, au lieu de promouvoir la stabilité économique qui élèverait le niveau de vie des populations, se concentrent plutôt sur l’accumulation de richesses au détriment des citoyens, les privant ainsi de leurs besoins sociaux et économiques.
À cette fin, les activités du JIHADIST ont augmenté dans la sous-région et, si l’on n’y prend garde, ces activités pourraient se répandre davantage dans la sous-région parce que le JIHADIST a profité de la vulnérabilité de ceux qui vivent dans une pauvreté abjecte pour les recruter et leur fournir un refuge sûr, les préparant ainsi à des attaques terroristes dans toute la sous-région ces derniers temps. C’est la raison pour laquelle les militaires de ces États vulnérables ont pris sur eux de sauver leurs pays et de protéger leur intégrité territoriale contre le djihadisme parce que les gouvernements civils n’ont pas fourni les ressources nécessaires pour lutter contre le djihadisme.
C’est le cas de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso, du Tchad et, plus récemment, du Niger. Tous ces coups d’État trouvent un écho auprès du bon peuple de ces États, de sorte qu’il s’agit plus ou moins d’un soulèvement populaire. C’est la raison pour laquelle toute tentative de la CEDEAO de recourir à une intervention militaire pour rétablir un gouvernement civil au Niger pourrait déstabiliser la sous-région, ce qui aurait pour effet de déclencher davantage d’activités djihadistes dans la sous-région.
Bien sûr, la souveraineté de chaque État est sa sécurité, sa stabilité économique et son développement social. Mais dans le cas de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale, il n’y a rien à montrer en matière de sécurité des États en raison des menaces de djihadisme, du manque de stabilité économique et de développement social résultant d’une mauvaise gouvernance, de la répression sociale, de la mauvaise gestion économique et de la corruption institutionnalisée. L’ironie de tout cela est que ces coups d’État ont eu lieu en Afrique de l’Ouest francophone où l’on a de plus en plus l’impression que la France n’a pas réussi à protéger la souveraineté de ces États contre l’agression extérieure du djihadisme et qu’elle s’est plutôt concentrée sur les avantages économiques qu’elle pouvait tirer de ses anciennes colonies en s’emparant des ressources minérales et naturelles. Cette perception s’enfonce profondément dans l’Afrique de l’Ouest francophone, au milieu de la corruption de ses dirigeants. L’implication perçue des groupes Wagner russes qui occupent certaines parties de la sous-région et qui fournissent des renseignements à l’armée n’est donc pas une surprise. En effet, les dirigeants n’ont pas réussi à répondre aux questions et aux préoccupations soulevées par l’armée contre le djihadisme, ni à la détresse des citoyens ordinaires confrontés à des difficultés économiques. On a donc l’impression que Wagner est entré en Afrique de l’Ouest pour protéger les intérêts des citoyens ordinaires contre la mauvaise gouvernance et pour lutter contre le terrorisme, ce que les dirigeants politiques n’ont pas réussi à faire. Pour les populations, cela va dans le bon sens et elles ont l’intention de couper les liens avec l’Occident pour se concentrer sur le développement de leurs moyens de subsistance durables et sur leur sécurité.
Que combattent les militaires ?
Jusqu’à ce que l’armée prenne le pouvoir au Mali, le pays était divisé entre le gouvernement et les djihadistes. Le nord du Mali était sous le contrôle des djihadistes et le sud sous le contrôle du gouvernement. Toutes les tentatives visant à convaincre le gouvernement de soutenir l’armée dans sa lutte contre le djihadisme ont échoué. L’insécurité grandissait dans les régions du nord avec des attaques terroristes endémiques que le gouvernement n’a pas réussi à contrer après plusieurs appels de l’armée. Au moment où l’armée avait besoin d’un soutien financier et de la logistique nécessaire pour lutter contre le djihadisme, le président a passé un contrat avec son fils pour l’achat d’un avion présidentiel.
En Guinée, il a été perçu qu’au moment où Doumboya et ses hommes réclamaient de meilleures conditions de service pour les militaires, le gouvernement se lançait dans des réductions de salaire pour les fonctionnaires et les agents publics tout en augmentant les salaires de l’exécutif et, plus encore, Alpha Condé avait l’intention de subvertir la constitution pour se présenter à un troisième mandat.
Au Burkina Faso et au Niger, l’élite politique est perçue comme corrompue alors que la majorité des citoyens vit dans une pauvreté abjecte et que le gouvernement ne s’est pas attaqué au djihadisme.
Dans ces conditions, la lutte contre le djihadisme et la corruption institutionnalisée est la clé de la prise de pouvoir par les militaires et aucune institution ne peut supprimer la volonté des militaires parce que leurs actions trouvent un écho auprès des masses. Ce sont les masses qui appellent à cela. Les militaires des régions touchées par le djihadisme sont unis dans leur objectif, à savoir le Mali, le Niger, la Guinée et le Burkina Faso, qui luttent pour une cause commune et aucune intimidation ou menace de la part de la CEDEAO ne peut saper leur volonté de protéger l’intégrité territoriale de leurs pays par les airs, la terre et la mer.
Ce qui est plus suspect, c’est que la défunte armée ethnique touareg que Kadhafi a payée pendant des années pour protéger le désert du Sahara contre les agressions extérieures et pour maintenir la sécurité dans les régions du Maghreb s’est détachée et a rejoint les groupes djihadistes depuis le renversement de Kadhafi, perçu comme une influence de l’Occident. Le renversement de Kadhafi était donc inutile puisqu’il a plutôt créé de l’instabilité non seulement en Libye mais aussi dans la sous-région. Cette situation a déstabilisé les régions du Maghreb qui sont devenues un refuge pour les djihadistes qui se mobilisent pour attaquer. Ainsi, une intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir un régime civil dans ces régions affectées pourrait déclencher une guerre que les djihadistes pourraient mettre à profit pour faire avancer leur cause. Sans diplomatie et sans dialogue, la CEDEAO ne pourra jamais faire plier le front militaire uni du Mali, du Burkina Faso, du Tchad, du Niger et de la Guinée. La décision de la CEDEAO de donner un ultimatum au Niger pour restaurer un régime civil était précipitée et inutile et crée le soupçon que ses dirigeants ne sont pas prêts à répondre aux préoccupations des gens ordinaires dont les militaires sont devenus la voix. Si la CEDEAO s’intéresse à la sécurité de la sous-région, elle doit également répondre aux préoccupations du peuple sénégalais où il y a une oppression politique et où le peuple se bat pour protéger sa démocratie parce que le président a choisi de renverser la constitution pour se présenter pour un troisième mandat contre la volonté du peuple, tout comme en Guinée et en Côte d’Ivoire.
Pour conclure, il est réitéré que la solution contre la prise de contrôle militaire en Afrique de l’Ouest n’est pas une intervention militaire ou des sanctions, mais une solution diplomatique. La CEDEAO devrait plutôt trouver les raisons de ces coups d’État et y remédier. La CEDEAO doit donc procéder à une introspection pour diagnostiquer les défis des États membres et les relever. L’accent doit être mis sur la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la stabilité économique entre les États membres, ce qui pourrait améliorer le niveau de vie des populations en formulant et en mettant en œuvre des politiques qui auront un impact direct sur le développement durable des moyens de subsistance des populations. La CEDEAO doit également prendre des mesures pour résoudre les problèmes de corruption institutionnalisée dans les États membres, de répression sociale et d’oppression politique. Si la CEDEAO ne s’attaque pas à ces nombreux défis économiques, à l’insécurité et aux menaces du djihadisme, il pourrait y avoir davantage de soulèvements populaires qui pourraient déstabiliser la sous-région et faire en sorte que beaucoup plus de personnes vivent dans une pauvreté abjecte et perdent la vie. C’est un flambeau qui passe et qui le répare sait !
Michael Richmond Smart-Abbey est un expert en renseignement de sécurité et en lutte contre le terrorisme, un analyste politique, un écrivain et un auteur ghanéen.
Auteur de Terrorism, A Threat To Global Peace And Security (Le terrorisme, une menace pour la paix et la sécurité mondiales).
smartabbeymichael2404@gmail.com
Opinion traduite et diffusée par l’équipe de la rédaction ICATV.NEWS. Copie française unique.
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