Depuis ce lundi 10 juillet 2023, le procès du massacre du 28 septembre 2009 a repris en Guinée. Ce procès était reporté à plusieurs reprises notamment pour cause la construction du bâtiment qui doit l’abriter. Dès sa reprise, il fut interrompu pendant plusieurs semaines pour cause la grève des avocats et des gardiens de prisons.
Le massacre du 28 septembre avait fait plus de 150 morts dans un stade de Conakry. Des dizaines de disparus et plus d’une centaine de femmes violées par des militaires.
Ces événements font suite à une manifestation de partisans de l’opposition guinéen contre les projets du chef de la junte militaire au pouvoir de se présenter à l’élection présidentielle. Cette manifestation a été réprimée dans le sang par l’armée qui a ouvert le feu sur une foule de plus de 50000 personnes selon les observateurs internationaux.
Le procès du massacre du 28 septembre 2009 juge les auteurs ou complices présumés de ces événements. La majorité des accusés sont des hauts cadres du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Parmi ceux-ci figure le colonel Moussa Tiègboro Camara. Il est accusé par le capitaine Marcel Guilavogui le mardi 18 juillet dernier, d’avoir planifié les crimes.
Face à ces accusations, Me Moussa Sovogui, l’avocat du colonel Moussa Tiègboro Camara rétorque : « Dire que mon client a été associé à la conception et à la préparation des évènements du 28 septembre, ce sont des affirmations, de simples allégations. »
A la suite du capitaine Marcel Guilavogui, une victime témoigne devant la cour le mercredi 19 juillet avoir vu devant le stade le colonel Moussa Tiègboro Camara entrain de menacer les manifestants. Il ajoute qu’il était là aussi quand des hommes et même des enfants se faisaient torturer dans les locaux de l’antidrogue. Il finit par la suite en disant : « Je suis catégorique là-dessus. »
Ainsi, ce 25 juillet le procès continue avec de plus graves accusations. L’ancien patron des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et des crimes organisés sous le régime du capitaine Moussa Dadis est accusé par des victimes de les avoir séquestrées et enfermées dans des conteneurs pendant plusieurs jours. Moussa Tiègboro Camara est accusé d’avoir ordonné de présumés traitement inhumains infligés aux opposants.
Me Thierno Souleymane Baldé, l’une des victimes affirme : « Il nous a mis dans un conteneur. Personnellement, il m’a fait torturer de 8heures à 2heures du matin. » Il poursuit en affirmant que : « Nous étions 11, plus deux personnes trouvées à l’intérieur du conteneur. Il fallait faire nos besoins à l’intérieur. Il n’y avait absolument aucun moyen d’obtenir un traitement décent. »
Face à ces accusations, l’avocat du Colonel Moussa Tiègboro Camara soutient formellement qu’il n’y a jamais eu de conteneur au camp Alpha Yaya Diallo. Il dément en disant : « Les services spéciaux étaient, certes, dotés de lieux de détention. C’est tout à fait normal. Des témoins viendront à la barre pour attester qu’il n’y a pas eu de conteneur, au niveau des services spéciaux, entre 2008 et 2009. »
Plusieurs victimes ont témoignés ce mardi 25 juillet devant la cour criminelle qui juge les massacres du 28 septembre 2009 à Conakry. Cette cour est présidé par le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara.
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