La découverte des premières victimes remonte déjà à près de trois mois et les recherches de fosses communes sont toujours en cours dans une vaste zone de forêt de la côte kényane.
403 morts est le nouveau bilan de ce scandale hideux, a déclaré la préfète de la région Rhoda Onyancha, car douze nouveaux corps ont été découverts hier dans la forêt de Shakahola, au Kenya, où se réunissait une secte évangélique pratiquant un jeune extrême dans le but de rencontrer Jésus. Les autorités s’attendent à voir le nombre de victimes grimper avec le temps.
Pour la police, la plupart des corps exhumés sont ceux d’adeptes de l’Eglise Internationale de la Bonne Nouvelle (Good News International Church), créée et dirigée par le pasteur autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie, ancien chauffeur de taxi. Il prônait de jeûner jusqu’à la mort pour « rencontrer Jésus ». De ce fait, « il avait préconisé d’affamer les enfants en premier, puis les femmes et enfin les hommes avant la fin du monde qui devait venir selon lui en Juin » a déclaré Hussein Khalid, directeur de l’ONG Haki Africa qui a alerté la police sur les activités du Pasteur.
Le pasteur avait été déjà arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes, relâché en mars sous caution malgré des accusations contre lui après la mort de deux enfants, tués par la faim sous la garde de leurs parents liés à la secte. Il a été placé en détention depuis le 14 avril et sera poursuivi pour terrorisme.
Si les autopsies ont révélé jusqu’à présent que la plupart des victimes ont trépassé à cause de la faim, sans doute après avoir suivi ses prêches, certaines victimes dont des enfants, ont été étranglées, battues et même étouffées selon d’autres autopsies.
Seize personnes auraient été arrêtés puis accusés de faire partie d’un groupe d’hommes de main chargé de veiller à ce qu’aucun adepte ne rompe le jeûne ou ne s’échappe de la forêt située près de la ville de Malindi.
65 adeptes sont également poursuivis depuis le mois dernier pour « tentative de suicide » car ils refusaient de s’alimenter depuis qu’ils ont été sortis de la forêt. Une décision contestée par des groupes de défense des droits humains. Pour l’ONG Commission nationale des droits humains du Kenya, c’est : « une décision inappropriée ».
Les autorités kényanes ont été acculées par des diatribes pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur Mackenzie, pourtant arrêté à plusieurs reprises.
Le ministre de l’intérieur, Kithure Kindiki avait dénoncé, devant un comité sénatorial le 11 juillet, l’attitude laxiste de la police locale après que les premiers cas de morts de faim à Shakahola ont été rapportés, ainsi que celle des autorités judiciaires qui ont remis le pasteur en liberté lors de ses précédentes arrestations. Il déclare que : « le massacre de Shakahola est la pire faille de sécurité de l’histoire de notre pays » et promet de « faire pression sans relâche pour des réformes légales afin de dompter les prédicateurs voyous ».
Il faut rappeler que les précédentes tentatives de réglementation ont rencontré une vive opposition au nom de la liberté de culte.
Un long combat se profile alors à l’horizon entre les autorités religieuses et les autorités politique.
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