
C’est pourquoi le pouvoir législatif [Parlement], dans l’exercice de son mandat constitutionnel, englobe une représentation du pouvoir du peuple d’élaborer des lois sur la tangente de la doctrine de l’esprit des lois. Cela signifie donc que toutes les constitutions qui soutiennent la pratique des trois branches du gouvernement doivent le faire dans l’esprit de la doctrine des lois. Toute autre solution constitue un abus de pouvoir constitutionnel de la part d’un État souverain dont le chef est l’exécutif, afin de supprimer et d’affaiblir les pouvoirs des autres branches du gouvernement. À cette fin principale, et pour éviter tout acte d’abus des pouvoirs constitutionnels par un État souverain, Montesquieu a construit un récit naturaliste des différentes formes de gouvernement, et des causes qui les ont faites ce qu’elles étaient et qui ont favorisé ou limité leur développement. Il s’en sert pour expliquer comment les gouvernements peuvent être préservés de la corruption. Il considérait le despotisme, en particulier, comme un danger permanent pour tout gouvernement qui n’était pas déjà despotique, et soutenait que le meilleur moyen de l’éviter était un système dans lequel différents organes exerçaient les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, et dans lequel tous ces organes étaient liés par la règle de droit et la règle naturelle.
Montesquieu soutenait que chaque pouvoir ne devait exercer que ses propres fonctions et que, lorsque les pouvoirs législatif et exécutif sont réunis dans une même personne ou dans un même corps de magistrats [comme dans le cas du Parlement du Ghana contre le pouvoir judiciaire], il ne peut y avoir de liberté car des craintes peuvent naître, de peur que le même monarque ou sénat n’édicte des lois tyranniques pour les appliquer de manière tyrannique. Ainsi, dans l’exercice des pouvoirs judiciaires par la Cour suprême du Ghana, il est clair, en juxtaposition avec l’argument de Baron, que l’arrêt de la Cour suprême contre la décision du Parlement de déclarer 4 sièges vacants est incompatible avec la doctrine de l’esprit de la loi. Il décrit la promulgation de lois tyranniques par le pouvoir judiciaire et son exercice en tant que tel est contraire à l’esprit des lois. Là encore, Montesquieu affirme qu’il n’y a pas de liberté si le pouvoir judiciaire n’est pas séparé du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Parce que le pouvoir judiciaire doit être indépendant et incontrôlé, Montesquieu a alors décidé que l’indépendance du pouvoir judiciaire devait être réelle et non apparente.
Ainsi, dans ce scénario, l’arrêt de la Cour suprême a usurpé le mandat constitutionnel du Parlement et équivaut à une conduite oppressive et violente du pouvoir judiciaire telle que décrite par Montesquieu dans l’Esprit des lois. En effet, l’interprétation par la Cour suprême de l’article 97, clause 1, g et h, sur la base de laquelle le président du Parlement a déclaré les quatre sièges vacants, est incompatible avec le règlement du Parlement et la Constitution, qui est explicite quant à l’interprétation de l’article 97, clauses g et h, en ce sens qu’une fois qu’un membre du Parlement déclare son intention de se présenter comme candidat indépendant alors qu’il est membre d’un parti politique, il cesse immédiatement d’être membre du Parlement, et non du futur Parlement qui n’est pas encore constitué, comme l’a décidé la Cour suprême. Ainsi, alors que le pouvoir judiciaire devrait être réel et non apparent dans ses décisions, il a choisi la voie d’un jugement oppressif qui est apparent, ce qui signifie que le pouvoir judiciaire, avec le soutien de l’exécutif, a renversé la Constitution de 1992 qu’il s’était engagé à protéger et à appliquer selon la volonté du peuple et dans l’esprit des lois de la Constitution de 1992.
Ainsi, lorsque de telles circonstances d’usurpation du mandat constitutionnel du pouvoir législatif [Parlement] par l’exécutif [gouvernement] et le judiciaire [Cour suprême], il y a collusion pour donner des pouvoirs arbitraires à l’exécutif afin de contrôler le Parlement, ce qui contrevient à la L.S. 8.2 qui dit : « Finalement, le gouvernement cessera de fonctionner, les derniers vestiges de la vertu disparaîtront et la démocratie sera remplacée par le despotisme ». Il s’agit donc d’une collusion évidente entre l’exécutif et le judiciaire pour supprimer la volonté du peuple, raison pour laquelle ils ont renversé la Constitution. Le despotisme a remplacé la démocratie et le dernier vestige de vertu confié au pouvoir judiciaire a disparu. C’est pourquoi, une fois encore, le gouvernement cessera de fonctionner parce que le Parlement pourrait ne pas être en mesure de former un quorum pour prendre des décisions sur les affaires gouvernementales qui lui sont soumises, au mépris de l’arrêt de la Cour suprême et, surtout, de leur emploi du temps chargé, les députés faisant campagne dans leurs différentes circonscriptions pour les élections générales du 7 décembre.
Baron soutient que les démocraties peuvent être corrompues de deux manières : par ce que Montesquieu appelle « l’esprit d’inégalité » et « l’esprit d’extrême égalité » (SL 8.2). L’esprit d’inégalité apparaît lorsque les citoyens n’identifient plus leurs intérêts avec ceux de leur pays [lorsque peu de citoyens prennent des décisions pour le pays contre l’intérêt général du pays] et cherchent donc à promouvoir leurs propres intérêts privés aux dépens de leurs concitoyens et à acquérir un pouvoir politique sur eux [oppression]. L’esprit d’égalité extrême apparaît lorsque le peuple ne se contente plus d’être égal en tant que citoyen, mais veut être égal à tous égards [lorsque l’exécutif refuse au peuple le contrat social]. Baron rappelle donc que dans une démocratie qui fonctionne, le peuple choisit des magistrats pour exercer le pouvoir exécutif, et qu’il respecte et obéit aux magistrats qu’il a choisis. Ainsi, dans la doctrine de l’esprit des lois, Montesquieu propose qu’il soit idéal que la nomination des magistrats ne soit pas dévolue au pouvoir exécutif mais au pouvoir populaire. Cela signifie que la nomination des juges par le président corrompt le pouvoir judiciaire puisque leurs jugements ne peuvent pas refléter les préceptes de la doctrine S.L. afin d’apaiser le pouvoir exécutif qui nomme les magistrats à la magistrature, en particulier à la Cour suprême. Il affirme également que si la nomination des juges est confiée au pouvoir populaire, ces magistrats perdent leur respect.
Dans le cas d’un jugement partial et scandaleux d’intérêt public rendu par la Cour suprême, comme l’affaire de la double nationalité contre Gyakye Quaison, député NDC d’Assin North, les LGBTQIA+++, l’affaire de l’ambulance contre le chef du Parlement NDC, Ato Forson, l’affaire de la pétition pour les élections de 2020, etc, le peuple a le droit de remplacer les juges dans une démocratie qui fonctionne. Cependant, lorsque l’esprit d’égalité extrême prend racine, les citoyens ne respectent ni n’obéissent à aucun magistrat. Ils « veulent tout diriger eux-mêmes, débattre pour le sénat, exécuter pour le magistrat et décider pour les juges » (L’esprit des lois, SL 8.2). Finalement, le gouvernement cessera de fonctionner, les derniers vestiges de la vertu disparaîtront et la démocratie sera remplacée par le despotisme. Cette situation difficile dans laquelle le SOP a cessé de se produire est à l’origine du différend entre le Parlement du Ghana et la Cour suprême qui, selon l’esprit des lois, ont mal appliqué et renversé la Constitution du Ghana dans le but de permettre à l’exécutif de contrôler arbitrairement le Parlement.
L’exécutif, de connivence avec le judiciaire, a supprimé et usurpé le mandat constitutionnel du législatif, ce qui est contraire à la doctrine de « l’esprit des lois » inscrite dans la théorie du PSO. L’indépendance du pouvoir législatif [Parlement] a été violée, ce que la théorie SL qualifie de violence et d’oppression, ce qui engendrera des conflits au sein du PSO, comme dans les trois branches du gouvernement qui ont des pouvoirs égaux dans l’exercice de leurs mandats, et c’est pourquoi les affaires gouvernementales cesseront de fonctionner jusqu’à ce que le prochain Parlement soit constitué. La Cour suprême a exercé des pouvoirs arbitraires sur le corps législatif, empiétant sur les droits civils et les libertés du Parlement ghanéen, ce qui constitue une oppression et une violence à l’égard de la conscience de la justice naturelle et de l’État de droit, au détriment de l’âme et de la structure de la démocratie ghanéenne.
À la lumière de ce récit, Montesquieu affirme que dans une démocratie, le peuple est souverain. Le principe de la démocratie est la vertu politique, par laquelle Montesquieu entend « l’amour des lois et de notre pays » (SL 4.5), y compris sa constitution démocratique que la Cour suprême a renversée. La forme d’un gouvernement démocratique rend fondamentales les lois régissant le suffrage et le vote, qui permettent au peuple de choisir ses propres dirigeants et d’élaborer des lois pour le bien de la société, d’où la nécessité de protéger les principes et le caractère sacré des institutions démocratiques. Selon Montesquieu, la vertu nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie n’est pas naturelle. Elle exige « une préférence constante de l’intérêt public à l’intérêt privé » (SL 4.5) ; elle « limite l’ambition au seul désir, au seul bonheur, de rendre à notre pays de plus grands services qu’au reste de nos concitoyens » (SL 5.3) ; et elle « est un renoncement à soi-même, de sorte que “toute la puissance de l’éducation est nécessaire” (SL 4.5). Une démocratie doit éduquer ses citoyens à identifier leurs intérêts avec ceux de leur pays, et doit avoir des censeurs pour préserver sa morale et ses principes.
Il devrait s’efforcer d’établir la frugalité par la loi, afin d’empêcher ses citoyens d’être tentés de promouvoir leurs propres intérêts privés aux dépens du bien public.
Pour conclure, je répète que la démocratie ghanéenne est à la croisée des chemins. Le pouvoir judiciaire, sous la direction d’un avocat des droits de l’homme, le président Nana Akuffo Addo, et du Dr Bawumia, n’a pas réussi à atteindre son objectif, qui est de rendre des jugements conformes aux principes de la justice naturelle et de l’État de droit. Le pouvoir judiciaire a démontré au cours de ces périodes qu’il n’était pas prêt à défendre les principes de la justice naturelle et de l’État de droit et qu’il avait été mis à la disposition des magistrats par le président pour qu’ils obéissent au gouvernement NPP de Nana A. Addo et du Dr Bawumia, comme l’ont montré certains arrêts scandaleux rendus par la Cour suprême dans un passé récent. Les opinions divergentes des deux juges de la Cour suprême sur la question de la constitutionnalité de la Cour suprême pour entendre l’affaire des 4 sièges vacants déclarés par le Parlement est une victoire pour les partisans de l’État de droit et de la justice naturelle sauvegardant le caractère sacré et l’intégrité de la Constitution de 1992. Elle montre que, sous la direction de Nana Akuffo Addo et du Dr Bawumia, le pouvoir judiciaire est malade et a besoin d’être purgé pour retrouver sa gloire d’antan par le biais d’une révision et d’une réforme de la Constitution.
Elle indique également que la démocratie ghanéenne, qui a été l’exemple même du développement démocratique en Afrique subsaharienne, se meurt progressivement. Le despotisme a remplacé la démocratie. La tyrannie a remplacé l’État de droit, tandis que l’impunité a remplacé la vertu, qui est le dernier vestige de notre démocratie et qui a disparu dans le corps politique du développement démocratique et du régime de justice du Ghana. C’est à la lumière de cet abus des pouvoirs exécutifs par le gouvernement NPP que la Constitution du Ghana de 1992 doit être révisée pour résoudre la crise constitutionnelle provoquée par l’exécutif et le judiciaire pour supprimer l’autorité du Parlement. Une Constitution révisée et affinée définira de manière explicite et constructive les pouvoirs des différentes branches du gouvernement afin d’éviter les abus de pouvoir de chaque branche du gouvernement à l’encontre de l’autre et de sauvegarder le caractère sacré de nos institutions démocratiques.
À cette fin, la nécessité d’un changement dans la direction que prend le Ghana est non négociable et inévitable. Plusieurs rapports et enquêtes menés par des organisations réputées au niveau local et international révèlent que des millions de Ghanéens n’aiment pas la direction que prend le pays et que le seul moyen de changer la donne est de voter le 7 décembre. Les Ghanéens doivent voter pour le changement afin de protéger notre démocratie et le caractère sacré des institutions de l’État, qui doivent s’acquitter de leurs mandats dans l’esprit des lois. Sans cela, la démocratie ghanéenne continuera à se déplacer en fauteuil roulant. C’est un flambeau qui passe et les Ghanéens doivent réparer ce gâchis pour sauver notre démocratie mourante. Celui qui vaincra aura le droit de manger les fruits de l’arbre de vie – REV. 2:7. Notre démocratie a besoin d’un RESET.
DR. MICHAEL RICHMOND SMART-ABBEY, [ANALYSTE POLITIQUE ET DES POLITIQUES PUBLIQUES, EXPERT EN GOUVERNANCE ET EN SÉCURITÉ, ÉCRIVAIN ET AUTEUR, CHRONIQUEUR : MODERN GHANA NEWS WEBSITE, EVENING TRIBUNE NEWS PAPER, INTERNATIONAL REPORTER, ICATV NEWS-FRANCOPHONE MEDIA WEB. smartabbeymichael2404@gmail.com