Cette nouvelle constitution, fruit de longues réflexions et de débats, instaure un régime présidentiel renforcé. Une des mesures phares de ce texte est la suppression du poste de Premier ministre, concentrant ainsi davantage de pouvoirs entre les mains du chef de l’État. Le président de la République, désormais élu pour un mandat de sept ans, pourra briguer un second mandat, mais pas davantage. Ce verrou institutionnel est destiné à prévenir toute tentative de prolongation indue du pouvoir, une pratique malheureusement répandue sur le continent africain.
Mais le projet de constitution ne s’arrête pas là. Il introduit des mécanismes rigoureux pour garantir la stabilité institutionnelle. Toute tentative par un président en exercice de réviser ces dispositions sera considérée comme un acte de haute trahison, une infraction qui pourrait entraîner sa destitution par l’Assemblée nationale et le Sénat. Cette disposition se veut un garde-fou contre les dérives autocratiques et un moyen de protéger la démocratie naissante au Gabon.
Le projet confère également au président le pouvoir de dissoudre les deux chambres du Parlement, un outil de contrôle qui pourrait, si bien utilisé, renforcer l’équilibre des pouvoirs. Cependant, l’efficacité de cette disposition dépendra de son application dans le cadre d’un système politique transparent et respectueux de l’État de droit.
Un autre aspect particulièrement notable de cette nouvelle constitution est l’élévation des militaires ayant renversé le régime Bongo au rang de « Héros ». Ces hommes, perçus comme les artisans d’un changement radical, bénéficieront d’une loi d’amnistie les protégeant contre toute poursuite. Cet article suscitera sans doute des débats passionnés, tant au Gabon qu’à l’international, car il touche directement à la légitimité des actes révolutionnaires dans un cadre constitutionnel.
Il est crucial de se souvenir du contexte dans lequel ce projet de constitution a émergé. Le 30 août 2023, un coup d’État militaire a renversé le président Ali Bongo Ondimba, mettant fin à quatorze années de règne. Cette prise de pouvoir est survenue après une élection présidentielle controversée, marquée par de nombreuses irrégularités dénoncées tant par l’opposition que par la communauté internationale. Cinq jours plus tard, le général Brice Oligui Nguema, leader des putschistes, prêtait serment comme président de la Transition, ouvrant ainsi une nouvelle page de l’histoire du Gabon.
Avec ce projet de nouvelle constitution, le Gabon s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire politique. Reste à voir comment ce texte sera reçu par le peuple gabonais lors du référendum à venir, et quelle direction prendra le pays sous la direction de Brice Oligui Nguema.